Démontage
L'Expo.02 a été conçue dès le départ comme une exposition temporaire. La Confédération, les cantons d'implantation et les communes ont donc utilisé tout l'arsenal juridique en matière de planification pour s'assurer qu'une fois la fête terminée, tout disparaisse sans laisser de traces. Le démantèlement total était déjà réglé des années avant le début des travaux dans les plans de quartier, les permis de construire et les contrats avec les entreprises générales, et était en outre couvert par des garanties bancaires et assorti de conditions draconiennes en matière de protection de l'environnement.
Les créateurs d'Expo.02 étaient ainsi libérés du fardeau de devoir laisser l'architecture continuer à vivre sous une forme mutante après l'été de l'exposition, que ce soit sous forme de quartier urbain (Exposition universelle de Séville 1992), d'espace polyvalent (Millennium Dome de Londres 2000) ou de halles d'exposition (Exposition universelle de Hanovre 2000). Ironiquement, c'est le sens de l'ordre suisse qui a imposé le verdict de la planification sans laisser de trace dans l'avenir. Mais c'est précisément ce renoncement à une utilisation ultérieure qui a rendu possible la grande liberté de conception et donc les envolées architecturales.
Et les constructions ont rencontré un écho large et positif - à peine l'Expo.02 ouverte - malgré les conflits qui ont parfois duré des années en amont. Et plus la fin de l'Expo approchait, le 20 octobre 2002, plus l'intérêt pour la conservation grandissait, plus les demandes et les exigences de conserver au moins les icônes se faisaient nombreuses. Maintenant, elles devaient soudain rester debout, les tours avec le pont Helix à Biel-Bienne, le monolithe à Morat-Morat, le nuage à Yverdon-les-Bains ou les galets et le Palais d'Equilibre à Neuchâtel. Aussi irréalistes que fussent ces souhaits, ils montraient l'identification avec l'architecture d'Expo.02. Cependant, les constructions d'Expo.02 n'étaient pas soumises aux mêmes conditions que la Tour Eiffel, comme les souvenirs des glorieuses expositions universelles de Séville, Lisbonne ou Londres. Le choix de l'emplacement des quatre arteplages s'est porté dès le départ sur les zones de détente les plus attrayantes des localités concernées. Les rives du lac sont protégées par des interdictions de construire. Les autorisations définitives pour les constructions provisoires de l'Expo ne peuvent pas être obtenues, ou alors seulement au prix de longues décisions de dézonage. Et comme la déconstruction était inscrite dès le départ dans les contrats, il serait nécessaire de résilier des contrats en cascade.
De plus, l'architecture expérimentale et prototypique n'était construite que de manière provisoire. Pour des raisons de coûts principalement, de nombreuses constructions n'étaient que des coulisses. Les constructions en fer n'étaient pas traitées contre la rouille. L'optimisation conséquente pour une durée de vie limitée à 159 jours d'exposition rendait toute utilisation ultérieure considérablement plus difficile. Les plates-formes dans les lacs n'étaient pas conçues pour une durée de vie plus longue et des charges variables dues aux variations climatiques. Des mesures visant à prolonger la durée de vie auraient ici déclenché des interventions massives, dont des fondations ultérieures en dessous de la limite de gel ou l'utilisation de matériaux de protection et d'isolation. Et comme les constructions ont été achevées avec des budgets serrés, il n'y avait pas de réserves financières pour des investissements ultérieurs. Sans compter que de telles améliorations coûtent parfois plus cher que la construction.
Ruedi Rast, Directeur Technique, Architecture.Expo.02, 2003